Festival 

Théâtre aux 7 Lieux

Des comédiens généreux, des ateliers mêlant détente et création, des spectacles improvisés et des textes magnifiques, des enfants rieurs et des adultes curieux...
C'est la recette de notre festival dont l'édition 2022 fut plus goûteuse que jamais !

14 juillet 22

Sous la terrible chaleur de l'été, un raffraichissement musical so cooooool !

Le P'tit concert

14 juillet 2021

avec

LaBulKrack !

Notre festival de théâtre aux 7 Lieux

Atelier clown avec Jérémie Marchet de Connex'cités

La grange en guise de scène ouverte...

L'association du 40 mars et son 40 bar

Poésie

Quelques personnes parmi nous travaillent à tenter de traduire une poétesse américaine non traduite en français... une gageure mais un grand plaisir pour celles qui s'y frottent ! 

Quelques mots sur cette poétesse :

Angie Estes

Angie Estes est l'autrice de 6 recueils de poèmes, le plus récent Parole (Oberlin College Press, 2018). Son précédent recueil, Enchantée (Oberlin, 2013), a gagné en 2015 le prix Kingsley Tufts Poetry, et Tryst (Oberlin, 2009), a fait partie des deux finalistes pour le Prix Pulitzer 2010. Son deuxième recueil, Voice-Over, a gagné en 2001 le prix FIELD Poetry et fut aussi récompensé en 2001 par le prix Alice Fay di Castagnola par the Poetry Society of America. Son premier livre, The Uses of Passion, fut le gagnant du prix Peregrine Smith Poetry. Elle reçut de nombreuses récompenses, y compris le Guggenheim Fellowship, un Pushcart Prize et le Cecil Hemley Memorial Awardde la part de la Poetry Society of America, des bourses, des résidences du National Endowment for the Humanities, le National Endowment for the Arts, et le Woodrow Wilson Foundation. Estes reçut son Ph.D. and M.A. in English de l'Université d'Oregon et fut Professeure de  Littérature américaine et d'écriture créative à l'université California Polytechnic State, San Luis Obispo.

Nous vous partageons ici un des poèmes suivi de deux versions  :

Wont to do

As it turns morning into light, you can hear
the earth creak on its axis, release the red cheek
cheek cheek
of a cardinal.
    .............................................
Matisse's Luxe, Calme       et Volupté : clicks
on a keyboard, the ticking of a clock, while          the naked bathers go on like       melody beneath the sun's     cymbal,
all that remains of a fireworks rocket      stuck
in the sand as if         it were a tree, its tip
splayed      like the barrel     of a shotgun too tightly choked.
The center      of the painting      is silent : a small boat
with its sail        X       beached      on the red bank
of pleasure - its hyphenated      shore - the way
the memory of pleasure     moors in the brain - volet,
yellow, orange, green bricks mortared
with the white      of day. In the distance, the hills
hump like the heads    of crocodiles, slide    into the sea.
..................................................................
When she turned 87, my aunt spoke in sentences,
long and chiseled like the paths worn by the hooves
of cows on the hillside, switchbacks
winding up towards a peak as in Cezanne's
nonfinito paintings, where you can see
......................................................................
what isn't there. When night blooms,
it's serious : the poplar spills
soprano and warns the grackles
of my heart.
.......................................................................
In medieval rhetoric, the path or way through
a text is called ductus, as in duct
and aqueduct : John of Patmos
must finally eat
the book.
.......................................................................
Fill like April with chartreuse, swell
against the sky's gunmetal blue.
........................................................................
It's wher we dwell, Dante says :
cutt off from hope, we go on
in desire
, always close
to won't.

Angie Estes


***

 Habitudes de faire


Quand elle fait du matin lumière, vous entendez
la terre grincer sur son axe, lâcher le cheek cheek cheek rouge d’un cardinal .
           ____________________________
De Matisse  Luxe, Calme et Volupté : cliquetis
d’un clavier, tictac      d’une horloge, pendant que     les baigneuses nues
se montrent comme     chanson sous la cymbale     du soleil , tout ce qui reste
de la fusée d’artifice,     planté dans le sable     comme un arbre, sa pointe
éclatée comme le canon     d’un fusil de chasse     trop étroit    bourré.
Le centre de la toile     est silence : un petit bateau
avec sa voile     X    échoué     sur le sable rouge
du plaisir—sa côte      trait d’union—la voie      le souvenir du
plaisir    au mouillage dans le cerveau—briques      violettes , jaunes, oranges, vertes,
liées     avec le blanc     du jour. Au loin, les collines
font des bosses comme des têtes     de crocodiles, glissent     dans la mer.
            ______________________________
Quand elle eut passé ses 87 ans, ma tante parla en sentences , longues
et ciselées comme les chemins tordus sous les sabots
des vaches au flanc du coteau, montant descendant
s’effaçant vers le sommet comme dans les toiles  nonfinito de Cézanne, où l’on peut voir
            _______________________________
ce qu’il n’y a pas. Quand la nuit fleurit,
c’est du sérieux : le peuplier s’exalte
soprano et alerte les mainates
de mon cœur.
           ________________________________
En rhétorique médiévale, le chemin ou la direction traversant
un texte est appelé ductus, comme dans conduit
et acqueduc : Jean de Patmos
doit finalement manger
le livre.
           _________________________________
Pleine comme avril de chartreuse, rondeur
sous le ciel bleu de bronze.
           _________________________________
C’est là que nous demeurons, Dante dit : mutilés de l’espoir, nous entrons dans le désir, toujours proches
du non vouloir. 

(version E.L)


***


C'est ainsi


Quand elle change le matin en lumière, on peut entendre la terre grincer sur son axe, libérer le rouge cheek
cheek cheek
d'un cardinal.
                             ........................................
Le Luxe, calme et volupté de Matisse : des clics
sur un clavier, le tic-tac      d'une horloge, pendant que les baigneuses nues entrent en scène  comme     mélodie sous la cymbale         du soleil, tout ce qui reste de la fusée d'artifice       fichée dans le sable comme un arbre, sa pointe    éclatée comme le canon trop bourré d'un fusil. Le centre       de la toile       est silence : un petit bateau avec sa voile en      X       échoué sur la rive rouge du plaisir – sa plage trait d'union – comme      le souvenir du plaisir s'amarre dans le cerveau – briques violettes,        jaunes, oranges, vertes, jointées      par le blanc du jour. Au loin, les courbes des collines comme des têtes     de crocodiles, glissent dans la mer.
                            ...........................................
Quand elle eut passé 87 ans, ma tante parla en phrases, longues et ciselées comme les sentiers du coteau tracés par les sabots des vaches, chemins accidentés s'effaçant au sommet comme dans les nonfinito de Cézanne, où l'on peut voir
                            .............................................
ce qui n'est pas là. Quand la nuit explose, c'est du sérieux : le peuplier verse
soprano et alerte les mainates
de mon cœur.
                              …..........................................
En rhétorique médiévale, le chemin ou la direction traversant un texte s'appelle ductus, comme dans conduit et aqueduc : Jean de Patmos doit au final manger le livre.
                              ............................................
Ivre de chartreuse comme un avril, houle gonflant le ciel bleu acier.
                             ..............................................
C'est là que nous demeurons, Dante dit : arrachés à tout espoir, le désir nous emporte, toujours proche 
du non vouloir.

(Version E.F)